Auteur, metteur en scène et comédien (souvent vu à Rennes au sein des Trois Mousquetaires du Collectif 49 701), Antonin Fadinard s’est d’abord attaché au fond de guerre civile qui ravage Vérone et fait de cet amour un impossible. En retraduisant la langue dense et pléthorique de Shakespeare, il s’est emparé des thèmes scéniques du jeu, de la violence et de la chair, réalisant que la pièce est faite de ripostes verbales avec résolument des allures de match. La bascule est rapide vers le stade de football et ce « spectacle de la guerre civile » dans un Vérone à ciel ouvert. Avec des gradins en bi-frontal et un public séparé en deux équipes (côté bleu, la famille de Roméo, les Montaigus et côté rouge, la famille de Juliette, les Capulets), les familles-équipes prennent parti et réalisent un vrai travail de supporters, avec cris, chants, applaudissements, huées…
Alors que, sur le terrain, tout reste affaire de désir et de chair, se posent en rebond les questions de solidarité, d’aliénation, d’empathie, de dissociation, de mimétisme de foule et de responsabilité individuelle. Autant d’éclairages qui interrogent de l’intérieur la possibilité d’existence d’une guerre civile, dans ce grand brassage in situ de l’intime et du collectif.